Depuis une bonne douzaine d'années, pour Noël, je choisis un pays, et s'il plaît aux autres convives, j'explore, ou plutôt, survole, sa gastronomie ; impossible de prétendre la connaître en une demi-douzaine de plats et autant de desserts !
J'en avais eu l'idée au début, devant les amoncellements quasiment obscènes de nourriture, dans tous les supermarchés, qui me donnaient autant envie de cuisiner que d'ouvrir le puits, et de sauter dedans !
C'était avant que la hausse des prix des denrées alimentaires ne rendent les rayons quasiment minimalistes !
Les veilles de Noël, à cette époque, il fallait rentrer le ventre pour sortir de la maison tellement les voitures des clients du Picard de l'avenue un peu plus haut, envahissaient notre rue (et les rues voisines), dans notre quartier pépère et très excentré de Toulon.
Coline était encore petite : je voulais quelque chose de créatif et de rigolo, et j'ai eu l'idée du thème de la nourriture geek, autour des films, séries et bouquins ; depuis, l'idée a été bien reprise avec les livres de cuisine de Gastronogeek.
De mémoire, il y avait un potage raffiné sorti du film Titanic, la soupe plomeek de Star Trek, le lembas du Seigneur des anneaux, la tarte à la mélasse et la Bieraubeurre, de Harry Potter, la glace à l'eau de mer du jeu vidéo Kingdom Hearts, le suprême de crème à la Edgar, des Aristochats...
L'année suivante, j'avais offert à Elise une machine à faire les takoyaki, sorte de micro-crêpes sphériques, fourrées au poulpe grillé,et le thème du Japon s'était imposé, avec aussi les délicieuses okonomiyaki, spécialité se situant à l'intersection de la pizza et de la galette bretonne !
L'année d'après, c'était la Corée pour goûter aux plats mentionnés dans les manwas, version coréenne des mangas, et le pli était pris...
Pas toujours la nourriture exclusive d'un pays, puisque j'ai découvert que les plats n'avaient que faire des frontières : les plats du sud-ouest de la Russie sont les mêmes que ceux de l'est de l'Ukraine, ceux de la Turquie ont essaimé dans tout l'empire Ottoman, comme ceux de l'Inde communs au Pakistan, et le Vietnam alimentairement proche du Cambodge et du Laos...
Bien évidemment, moins les ingrédients étaient "exotiques", et difficiles à trouver, plus le choix des plats était vaste : Italie et Espagne avaient nécessité de mettre une table d'appoint pour présenter le buffet, même en ayant contourné, comme chaque fois, les éléments les plus connus de chaque territoire : bolognaise ou paella...
D'un autre côté, certains pays étaient plus difficilement abordables, comme le Mexique, dont toute la gastronomie est fièrement imprégnée de piments : je crois que c'est le pays qui en produit le plus ; Elise les déteste plus que tout, c'est tout juste si le mot lui-même, ne lui brûle pas la langue !
J'ai aussi renoncé au Brésil, pays d'une immense diversité gastronomique, mais avec quand même deux piliers alimentaires, qui sont justement ceux que j'évite dans ma sélection : la viande et les produits laitiers ; et à la Chine, par boycott pour leur abominable coutume de manger des chiens et des chats, (même si je sais fort bien que d'autres pays d'Asie font pareil), et leur inimaginable laxisme vis à vis de la maltraitance animale !
Cette année, j'avais tout d'abord sélectionné la Suisse, qui une fois sorti des grandes villes très cosmopolites, a une gastronomie plutôt montagnarde et paysanne, mais Romane m'a fait remarquer qu'en dépit des liens que nous avons avec le continent africain, les spécialités africaines n'apparaissait que rarement à table, surtout à Noël.
J'ai donc rapidement creusé un nouveau sujet, qui a été l'Afrique de l'ouest, Ethiopie, Soudan, Erythrée.
J'étais curieuse de faire des injera, ces sortes de pains/crêpes, qui servent aussi bien pour présenter la nourriture que pour la manger avec ses doigts ; mais la farine indispensable, celle d'une céréale que l'on appelle le teff, n'était disponible que sur le Net, j'ai alors commandé des injera dans un restaurant éthiopien de Toulon, où je n'ai pas mangé depuis des années, mais que j'aime beaucoup.
J'ai préparé du doro wat, kajaïk, kik alicha, genfo, thiakry, respectivement ragout de poulet aux œufs durs, ragout de poissons de lac fumés, ragoût de pois, porridge d'orge, dessert à la semoule de mil ; j'avais les plus grands doutes à propos de ce menu, bricolé en quelques jours, alors que je trainais un refroidissement épuisant et une démotivation extrême, mais les filles et Pedro ont bien aimé.
Je ne sais pas si pour l'an prochain, je continuerai la piste géographique : je sais qu'elle est populaire, vu que mes propositions d'autres thèmes plus abstraits, sont jusqu'ici tombées à plat, mais comme on tourne autour du globe, on finit toujours par revenir au point de départ !
Et tous les pays ne se prêtent pas au jeu : de grands pays, tels que l'Australie, les Etats-Unis, le Canada ont soit une cuisine trop tournée vers la viande, ou déjà très connue, ou encore, comme ce sont des pays constitués par l'immigration, très liée à divers pays d'Europe.
Je vais continuer à creuser la question...
(J'ai emprunté des photos sur les sites de recettes, n'ayant pensé à photographier que le kik alicha)
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| Doro wat |
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| Kajaïk |
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| Kik Alicha ; Elise, en le voyant : "Je ne veux pas faire de blague lourde, mais ça ressemble, et le nom, et l'aspect, à kel-chat-a-vomi-là |
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| Genfo |
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| Thiakry |




